Interview : Mobilisation étudiante post 49.3

Tandis que l’Assemblée nationale s’apprête à voter les motions de censure contre la réforme des retraites, les militants de l’université Paris 8 s’organisent pour continuer la mobilisation. Lucien, étudiant à Paris 8, a pris en note les prochains objectifs du mouvement universitaire.

Fermeture administrative à l’université Paris 8 — photographie du journal Le Parisien 

Avec ou sans motion de censure, les étudiants et professeurs militants de Paris 8 comptent bien poursuivre la mobilisation contre la réforme des retraites. Ce lundi 20 mars, ils ont bloqué la faculté pour inciter les universitaires à se rendre à l’assemblée générale prévue à midi. Dans le hall de l’université, un petit groupe de leaders énonce les revendications et fait voter l’assemblée. Lucien, étudiant en master 2 cinéma et théorie, était à côté des portes-paroles pour rédiger la trace écrite de ce premier rendez-vous de la semaine.

Quels étaient les objectifs de l’assemblée générale de ce midi ?

Ce midi, nous avions pour objectifs de rejoindre les autres mouvements non étudiants, et de répartir la caisse de grève au sein des autres caisses de grèves et des groupes anti-répression. Sur les 13000 € de la caisse de grève, on a voté 5000 € pour les éboueurs et éboueuses, 5000 € pour les travailleurs des transports et 3000 € pour le groupe anti-répression 

Qu’est-ce qui va se passer dans les prochains jours à l’université Paris 8 ?

Avec l’AG on a voté la banalisation des cours jusqu’à vendredi. Mais dans l’application, comme il n’y avait pas tous les professeurs, ce sera sûrement pas fait sur toute la faculté. On a décidé par vote de ne pas faire de blocage mais des actions quotidiennes comme les débrayages. Dans tous les cas ça aurait été fait, mais là comme ça a été évoqué ce matin en AG, il y aura plus de monde. 

Vous souhaitez interrompre les cours pour inciter les étudiants à participer à des ateliers de sensibilisation menés par les différents acteurs des UFR. Que propose l’UFR Art ?

Demain l’UFR met en place des ateliers jusqu’à 13h30, avant le départ pour la manifestation étudiante à 14h30. Il y aura un atelier pour traiter de la question de l’anti-repression. Un autre sera sur « comment financer les milieux de l’art » . Ce sont des métiers qui n’assurent pas de stabilité financière, par conséquent ceux qui choisissent ces carrières viennent de milieux plutôt bourgeois. L’idée c’est de réfléchir à comment changer ça. En art, Il faut faire 507 heures de travail sur 1 an pour obtenir l’intermittence et c’est parfois compliqué. Ce sont des métiers avec beaucoup de pauses donc ça retarde encore plus le départ à la retraite à taux plein.

Il a finalement été décidé qu’il n’y aurait ni blocus, ni occupation. L’occupation aura plutôt lieu à l’université de Tolbiac, pourquoi aller là-bas quand on est de Paris 8 ?

Hier à l’université Tolbiac, mille personnes ont voté pour l’occupation. L’idée c’est plutôt d’occuper là-bas parce qu’ils ont un vrai rapport de force. Pour l’interfac c’est aussi intéressant parce que c’est en plein cœur de Paris et c’est déjà une zone occupée.

Cet après-midi, les motions de censure vont être votées, alors pourquoi organiser dès maintenant une semaine de mobilisation ?

Que la motion de censure passe ou pas, la mobilisation va continuer. J’espère qu’elle va passer, il disait hier qu’il manquait qu’une dizaine de voix. Mais malgré tout, si elle est votée ça continuera parce que les revendications ne s’arrêtent pas à la réforme des retraites. C’est aussi la façon dont le gouvernement a bloqué le débat démocratique qui est en jeu.

Sophie Schorderet

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