Alimentation et écologie, un casse-tête pour les étudiants et leurs porte-monnaie

Alors que la préoccupation écologique concerne près de 95% des étudiants, ces derniers veulent modifier leurs habitudes alimentaires pour les rendre plus durables. Ces aspirations se confrontent souvent à des difficultés économiques, qui rendent difficiles leurs possibilités d’agir.

Faire ses courses devient un enjeu écologique pour certains étudiants/©UT1


Manger un steak, c’est comme faire un Paris-Miami ? Selon Green Peace, “l’élevage d’animaux à des fins alimentaires contribue autant aux changements climatiques que l’ensemble des voitures, camions, avions, trains et bateaux”, soit près de 15% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. La modification des habitudes alimentaires semble être un levier efficace pour lutter face à l’émission de ces gaz, et donc au réchauffement climatique. Selon une étude de la REFEDD, 95% des étudiants se sentent concernés par les problématiques environnementales et semblent avoir la volonté d’en faire plus dans leur engagement et leur consommation. Pour modifier leurs habitudes alimentaires, ils ne se trouvent pas tous sur un pied d’égalité. Les étudiants les plus précaires étant souvent en incapacité d’agir pour des raisons financières.

Alimentation économique ? Difficile en pratique…

Réduire, voire arrêter, sa consommation de viande est un moyen efficace pour lutter face au réchauffement climatique. La réduction de la viande est aussi notablement bénéfique pour le portefeuille des consommateurs. L’arrêt total de la consommation carnée permettrait de réduire la facture de près de 30%, selon une récente étude de l’université d’Oxford. Une économie non négligeable pour les étudiants : représentant environ 200€ par mois, l’alimentation est leur deuxième source de dépenses.

Malgré cela, les 18-24 ans restent les plus grands consommateurs de produits carnés, d’après une étude du CREDOC. Cette surreprésentation s’explique par le recours à des plats préparés, issus de l’industrie agroalimentaire, par manque de temps. Au même moment, 73% déclarent souhaiter, si ce n’est avoir, réduit leur consommation de viande. La situation résidentielle influence aussi ces habitudes de consommation.

Alors que 6 étudiants sur 10 vivant en colocation ou en couple affirment avoir diminué leur consommation de viande, ils ne sont plus que 36% pour ceux domiciliés chez leurs parents. Le fait de passer à un régime végétarien, et donc à la suppression totale de la viande du régime alimentaire, reste largement minoritaire. Seuls 11% des étudiants adoptent ce régime alimentaire. La grande majorité (87%) affirme ne pas vouloir arrêter totalement leur consommation de produits d’origine animale.

Un accès au bio inégalitaire

Autre étendard de l’alimentation éco-responsable, les produits issus de l’agriculture biologique sont largement plébiscités par les étudiants. 81% souhaitent en consommer, mais seulement 39% le font déjà. Cet écart important est induit par l’obstacle financier que représente le bio. Selon l’UFC-Que choisir, un panier de produits bio coûte 79% de plus qu’un panier des mêmes produits non issus de l’agriculture biologique. Ces écarts de prix entraînent 70% d’étudiants à déclarer que les prix trop élevés sont le principal obstacle à la modification de leurs habitudes de consommation.

Un obstacle économique qui touche d’autant plus les étudiants boursiers, bien souvent les plus précaires. Alors que 42% des non boursiers disent consommer des produits bio, ils ne sont que 32% de boursiers. De même, quand 47% d’étudiants avec un père cadre consomment ces produits, ils ne sont plus que 27% pour ceux avec un père sans activité. Une tendance qui ne semble pas près de s’inverser avec l’envolée de plus de 12% des prix de l’alimentaire.

Serge Lima–Ménil

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