Un projet d’exploitation d’une mine de lithium dans l’Allier devrait voir le jour d’ici 2027. Si ce projet semble positif dans l’ensemble, il pose question sur son impact environnemental.
Photo : ©Imerys
“Ce projet, exemplaire sur le plan environnemental et climatique, réduira drastiquement nos besoins d’importation de lithium”, a salué Bruno Le Maire, ministre de l’économie. Le groupe Imerys, multinationale spécialisée dans les minéraux industriels, prendra les commandes de ce projet d’ici quelques semaines, dans l’Allier.
Tandis que les pays européens importent 100% du lithium qu’ils utilisent, l’exploitation de la mine devrait permettre d’en extraire jusqu’à 4 000 tonnes par an. Cela correspond à la production de 700 000 batteries de véhicules électriques. La population s’interroge tout de même sur l’impact environnemental de la mine.
Un projet qui soulève de nombreuses interrogations
D’après le groupe Imerys, le projet se veut “respectueux de l’environnement et des populations locales”. Pour tenir ses engagements, la multinationale envisage l’utilisation de techniques d’exploitation minière souterraines, de façon à minimiser l’impact sur l’écosystème.
Cependant, c’est un discours qui divise les associations en faveur de la protection de l’environnement. “La carte postale d’une mine écologique est une utopie. Ce type de projet impacte forcément l’environnement. Nous sommes donc inquiets pour la suite des événements”, déplore Fabienne Thiery, présidente de l’association France Nature Environnement Allier.
Ce sentiment est partagé par certains citoyens. “Nous ne croyons pas en leurs engagements vis-à-vis de l’environnement parce que l’argent passe toujours avant tout. Il y a aussi trop de pression politique, la préservation de la nature ne sera donc pas l’objectif premier”, confient Evelyne et Michel Feraud, habitants de Querriaux, un village situé à quelques kilomètres du projet. “Et quels impacts cela va avoir sur la nature ? Il va falloir utiliser beaucoup d’eau pour l’extraction, mais qu’en est-il de la sécheresse dont on nous parle sans cesse ? Dans tous les cas, il ne s’agit pas d’une bonne solution pour l’écologie”, ajoute Nathalie Liebart, résidente dans un village voisin.
Gagner une certaine indépendance énergétique
Pour d’autres, ce projet représente une véritable opportunité de gagner en autonomie en ce qui concerne les énergies renouvelables. “Plus un pays a ses sources, plus il peut gagner en indépendance, et c’est quelque chose de très important”, souligne Marie, habitante de Vichy. Quant à la question de l’environnement, elle est plutôt confiante : “Honnêtement, je pense qu’ils sont capables de respecter l’environnement, d’autant plus qu’il y a des lois qui encadrent ce type de projet.” Malgré tout, Marie s’interroge sur la méthode de destruction du lithium : “La seule question que je me suis posée, c’est de savoir comment va-il être détruit ? Et justement, on se la pose parce qu’on ne nous donne pas de réponse”.
Une chose est sûre, les citoyens et les associations en désaccord avec ce projet ne comptent pas se laisser faire. “Pour nous ce n’est pas la bonne piste et on va aller manifester pour montrer notre opposition”, affirme Michel Feraud. “En temps qu’association agréée pour la protection de l’environnement, le FNE Allier réclame un débat et de la transparence dans les expertises, les évaluations et les enquêtes menées”, conclut Fabienne Thiery.
A l’heure actuelle, plusieurs laboratoires rattachés au Conseil National de la Recherche Scientifique travaillent sur ce projet. Leur programme, intitulé “Li-Beauvoir”, devrait permettre “une avancée scientifique majeure” sur la connaissance des sols de la future mine et des éventuels impacts sur les ressources présentes.
