Dans le cortège parisien, le Pink Bloc mène la danse

Entre messages politiques forts et lutte pour les minorités de genre, le groupe en mixité choisie réunissant associations LGBTI et féministes égaient les manifestations contre la réforme des retraites.

Le Pink bloc organisé par les associations Inverti.e.s, Fièr.e.s, l’Assemblée Générale Paris-Banlieue et d’autres collectifs LGBTI ©Valentine Erba

Des drapeaux arc-en-ciel s’élèvent, des couvertures de survies dorés sont brandis, et trois banderoles ouvrent le cortège. La sono est allumée, elle grésille, les mégaphones débitent le premier slogan. « Trans, gouines, tapettes, en grève pour les retraites », la foule répète. 

Ce slogan, elle le connaît, elle le hurle à plein poumons chaque semaine depuis début janvier, en fin de cortège. Et les drapeaux arc-en-ciel, bleu, rose et blanc ou orange, blanc et rose volent. Les manifestants se déhanchent, chantent et sautent tout en souriant. Les banderoles dansent avec eux, « trans, gouines, pédales, pour la grève générale ». Le slogan résonne, il sonne plus fort que l’enceinte démesurée de la CGT qui joue « I will survive ». Les voix déraillent, elles s’essoufflent, mais les mégaphones prennent le relais. S’en suit un ping-pong du mégaphone « trans, gouines, tapettes » et au cortège de répondre « en grève pour les retraites ». Et les corps mouvants ne forment plus qu’un avec les banderoles. Le frou-frou des couvertures de survie fait comme un bruit de vague au-dessus du cortège. C’est un groupe colorée qui attend de pouvoir démarrer et défiler dans les rues de Paris.

Une fête politique

L’odeur de merguez est là, elle se faufile dans la foule. Le cortège est prêt. Les banderoles sont dépliées, la première, violette, est toute neuve. « Elle rend bien alors ? », le service d’ordre qui voit la banderole répond en cœur « oui elle rend trop bien, bravo camarades » ! Quelqu’un demande : « qu’est-ce que vous avez écrit ? » « féministes organisé.es et en grève, retraites pour toustes ». Les chants reprennent. Les sono jouent de la musique électronique de fond, pas trop fort, juste assez pour accompagner les voix. 

L’animation est menée par quatre personnes vêtues de drapeaux. Chaque cause a son drapeau, chaque drapeau est visible. Du rose, du orange, du blanc, du bleu, du vert, du jaune pour commencer à clamer un nouveau slogan « Macron, Macron on t’encule pas, la sodomie c’est entre ami.e.s ». Le sourire est unanime, il se lit sur toutes les lèvres. Les passants autour regardent, beaucoup rient et commencent à chanter. « Les slogans subversifs sont notre marque de fabrique, grâce à eux on peut se distinguer des autres cortèges » explique Laurine, fière que celui-ci plaise à tout le monde.

Sur les côtés du cortège, les pièces tintent dans la caisse de grève arc-en-ciel : « De l’argent pour les homosexuels ! ». « Soyez de bons alliés, donnez de l’argent pour le 8 mars », l’autre est blanche, avec un autocollant violet. Les deux caisses se perdent dans la foule. La blanche revient : « on a forcé Guillaume Meurice à nous donner des sous ». Les personnes autour se retournent, « quoi, vous avez vu Guillaume Meurice ?? », « j’espère qu’il a bien donné, il doit bien gagner sa vie ». 

« Féministes organisé.es et en grève, retraites pour toustes »

Milo, qui tient la caisse de grève explique « on récolte de l’argent pour la grève féministe du 8 mars avec l’Assemblée Générale féministe Paris-Banlieue. Avec cet argent, on pourra dédommager nos grévistes. Plus on en a, plus on pourra être nombreux et nombreuses dans la rue. » Puis il continue, « sans nous, femmes et minorités de genre, le monde s’arrête, et on le montrera à l’occasion de la journée internationale de la lutte pour les droits des femmes ».

Cette année, cette journée a même été relayée par les grandes centrales syndicales françaises : « la CGT et le FSU se rallient à notre cause, c’est une bonne chose, ça va ramener beaucoup de monde à l’arrière du cortège ». Milo raconte alors, « vous voyez, expliquer ça aux gens nous permet de récolter plus d’argent pour la caisse de grève, puisque le 8 mars devient une journée contre la réforme, les gens se sentent plus concernés, espérons juste qu’ils n’invisibilisent pas les vraies revendications de cette journée ».

À l’avant du pink bloc, un nouveau slogan commence. « violence sexiste, violence sociale : même combat, contre le capital », c’est une personne grande et brune qui a lancé le chant avec son mégaphone décoré d’autocollants violets. Quelqu’un du cortège la présente : « c’est Arya », elle est de l’AG féministe. Arya attend l’approbation du cortège. Tout le monde commence à scander. Arya sourit, elle regarde les autres “animateurices” et reprend. La fête reprendra de plus belle pour le 8 mars.

Valentine Erba

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